Les hypogonadismes hypogonadotrophiques congénitaux (HHC) (prévalence 1/8 000 à 1/15 000) sont une cause importante d’absence de développement pubertaire. L’affection peut aussi parfois être suspectée dès la petite enfance.
Les hypogonadismes hypogonadotrophiques peuvent être isolés ou associés à des pathologies plus complexes. L’investigation des formes familiales a permis la description de plusieurs anomalies génétiques. La plus fréquente est l’anomalie du gène KAL-1 responsable du syndrome de Kallmann où l’hypogonadisme hypogonadotrophique est associé à une absence de perception des odeurs (anosmie) liée à une agénésie des bulbes olfactifs par anomalie de développement embryonnaire des neurones à GnRH. Des surdités neurogènes plus ou moins profondes, des mouvements en miroir, des troubles de la fixation du regard peuvent être observés dans certains cas ainsi qu’une hypoplasie ou agénésie du corps calleux. Des syndromes endocriniens plus complexes peuvent aussi être associés à l’insuffisance gonadotrope. Chez de nombreux patients néanmoins, les anomalies génétiques en cause restent inconnues ce qui justifie la poursuite de travaux de recherche à partir de cohortes bien phénotypées.
Selon l’affection, la transmission de la maladie est autosomique dominante ou récessive, ou récessive liée au chomosome X.
Depuis 10 ans les approches génétiques se sont multipliées avec l’utilisation de puces ciblant des gènes le plus souvent impliqués dans les Hypogonadismes Hypogonadotrophiques mais aussi l’utilisation du séquençage de l’exome et depuis peu une approche génomique globale, entrant dans le cadre du Plan France Génomique. La mise en évidence de variants de gènes associés aux HHC impose une analyse fonctionnelle rigoureuse de ceux-ci avant de leur imputer l’origine de l’HHC.
L’induction de la puberté par les stéroïdes sexuels (oestrogènes puis oestro-progestatifs chez la fille, testostérone ou gonadotrophines chez le garçon), la prise en charge des troubles de la reproduction de ces patients lorsqu’ils atteignent l’âge adulte, nécessitent des équipes spécialisées, disposant d’une bonne expérience dans le domaine et sachant manier des outils thérapeutiques comme les pompes à GnRH, destinées à reproduire artificiellement, par l’administration pulsatile de GnRH par voie veineuse ou sous-cutanée, la fonction rythmique de sécrétion de la GnRH par l’hypothalamus, déficiente chez ces patients et la stimulation de la sécrétion des gonadotrophines FSH et LH. Le recours à des centres de procréation médicale assistée est aussi parfois nécessaire.
Le conseil génétique, le diagnostic anténatal et la prise en charge dès la période néonatale peuvent être envisagées lorsque l’anomalie génétique est connue.
La prise en charge dès la période néonatale et les premières semaines de vie est surtout importante chez le garçon où un traitement par les gonadotrophines peut être proposé pour simuler la mini-puberté. Ce traitement (ou le traitement par testosterone retard) permet aussi un meilleur allongement de la verge et parfois un abaissement testiculaire lorsqu’il existe une cryptorchidie.