L’Anorexie Mentale à début Précoce ou Anorexie Mentale Prépubère (AMP) est un trouble rare (incidence estimée entre 1.1 et 7.5/100 000) et grave avec un risque de mortalité parmi les plus élevés des troubles psychiatriques.
Elle apparaît dans l’enfance dès l’âge de 6-7 ans. Elle constitue une entité nosographique distincte des troubles des conduites alimentaires (TCA) de l’adolescent et de l’adulte, tant en termes de déterminisme, que dans ses caractéristiques phénotypiques, ou de l’évolution et de pronostic.
L’AMP se caractérise par une impossibilité de maintenir le poids corporel au niveau d’un poids minimum pour l’âge et la taille, une peur intense de prendre du poids ou de devenir gros et une altération de la perception du poids ou de la forme de son propre corps. En pratique, les enfants atteints présentent un infléchissement voire une cassure de leur courbe de croissance pondérale puis staturale, qui passe parfois longtemps inaperçue, ainsi qu’un retard de puberté.
L’AMP affecte le développement psychologique de l’enfant, mais aussi son développement et sa santé physique et spécifiquement la croissance staturale, le développement pubertaire et la composition corporelle (notamment la minéralisation osseuse). Il s’agit le plus souvent d’une maladie au long cours, dans laquelle la guérison surviendrait dans environ 60% des cas en 5 à 10 ans ; dans les 40% de cas restants, l’évolution se ferait vers un autre trouble des conduites alimentaires ou vers la chronicité. Cependant, une amélioration reste possible à tous les stades de la maladie.
L’AMP nécessite une prise en charge multidisciplinaire (médicale, diététique, psychologique, éducative…) le plus précocement possible, associant notamment des soins pédopsychiatriques spécialisés et spécifiques, et une prise en charge des comorbidités associées par les endocrinologues pédiatres, afin de favoriser une reprise de la croissance staturale, du développement pubertaire et de la composition corporelle qui peuvent rester affectés même après la reprise pondérale.